samedi 24 octobre 2009

épisode 24: La vie après la mort

Cet article vous est offert par Ernest

L'autre fois, Amaury a mis en place ce concept d'Invitational et m'a demandé d'écrire un article. Pourquoi pas ? Mais après avoir lu les deux articles qui m'ont précédé; et surtout le magnifique exposé de la disciple du docteur Jackson, je me suis demandé si je n'allais pas faire pâle figure... Mais bon, tant pis, quand faut y aller, faut y aller.



Récemment, j'ai commencé la lecture d'un ouvrage qui me paraît prometteur (surtout vu le nombre de gens qui me l'ont conseillé, en particulier le tenancier de ce blog): je veux parler du cycle d'Elric. Dans le deuxième tome, je suis tombé sur un passage où Elric_le héros_ dans un état de faiblesse extrême, se résigne à attendre la mort et se demande s'il y a un quelconque endroit après la mort où il pourra attendre la femme qu'il aime_nommée Cymoril_. Je vous cite un petit passage:

"Soulagé, il sourit. A bien des égards, il était soulagé de voir s'achever sa lutte. Peut-être Cymoril le rejoindrait-elle bientôt. Bientôt ? Quelle signification pouvait revêtir le Temps dans ce Royaume intemporel ? Lui allait-il falloir attendre l'Eternité avant qu'ils ne fussent tous deux réunis ? Ou rien qu'un instant vite enfuit ? Risquait-il encore de ne plus jamais la revoir ? De n'avoir qu'absence et néant pour perspective future ?"

Seulement, voilà le problème. Supposons qu'il y ait bien une vie ou quelque chose d'approchant après la mort. Le héros serait mort à disons une quarantaine d'années. Il arrive donc dans notre hypothétique paradis avec l'aspect physique qu'il aura avant sa mort (accordons lui de retrouver un aspect sain et non agonisant pour l'éternité). Pensons un peu maintenant à la femme qu'il aime. S'il l'aime, il ne peut que lui souhaiter une longue et heureuse vie. Il ne faudrait pas qu'elle se suicide de désespoir mais plutôt qu'elle puisse reconstruire sa vie. Et ce avec quelqu'un d'autre et jusqu'à un âge avancé (du style, elle vécut longtemps et eut beaucoup d'enfants). A sa mort, on peut donc imaginer la dulcinée de notre premier héros: octogénaire bien avancée, mère de sept enfants (et maintes fois grand-mère), ayant passé les quarante-cinq dernières années en vivant aux côtés d'un homme qu'elle aime.

Elle arrive donc au paradis main dans la main avec son époux (en vieux couple), et là, surprise !! Son amour de jeunesse l'attend ! Et pour lui, dans l'immobilité qui règne dans l'au delà, il a l'impression de l'attendre depuis quelques instants, s'attendant à jouir de l'éternité avec sa dulcinée. Quel revers de fortune ! Elle a pris 50 ans, quelques kilos, un nouvel amant et pleins d'enfants !! L'éternité s'annonce alors très longue et solitaire pour notre héros... Et pas question de mettre fin à ses jours pour échapper à tout ça (je ne pense pas qu'il y ait une vie après la vie après la mort).

C'est un peu comme quand on regarde un film que l’on n’avait pas vu depuis des décennies. S'il nous avait plu sur le moment, ce n'est pas forcement la même chose 50 ans après parce qu'on est plus le même. Et bien là, c'est le principe inverse, on est resté le même et tout le reste a changé ! Et le problème est le même pour les gamins. Mort à l'état d'enfants, il n'y a pas de raisons qu'ils finissent leur croissance au paradis. Ce ne serait vraiment pas conforme à l'idée qu'on s'en fait si on continuait à vieillir après la mort. Comme on ne peut pas mourir deux fois, on finirait tous par devenir totalement impotents pour l'éternité. Le tableau est assez rébarbatif: le paradis en immense maison de retraite avec les anges qui courent de chambre en chambre pour changer les bassins des gentils pensionnaires (eh oui, on devient vite incontinent passé 300 ans). Et tous les nouveaux arrivants de corvée de chiottes, (par manque d'effectifs divins pour s'occuper de tout le monde), jusqu'à ce qu'ils deviennent impotents à leur tour…

Donc, laissons tomber cette idée. A priori, on ne vieillit pas au paradis (plus besoin de crèmes hydratantes antirides ou autres artifices !). Et donc, retournons au problème des enfants. C'est un peu stupide quand même, pour ceux qui sont morts avant d'avoir pu pleinement profiter de la vie, ne pas pouvoir non plus profiter de sa mort. Rester toute l'éternité adolescent pré pubère et boutonneux c'est pas génial mais que dire de ceux qui garderont des couches toute leur mort ? Admettons qu'ils finissent par apprendre à marcher et à parler, c'est quand même pas facile d'avoir des relations normales avec les gens quand on mesure 80 centimètres de haut... Et puis, si ses parents ont survécu (et il n'y a pas de raison que la mort d'un enfant en bas âge entraîne la mort de ses parents), il va se retrouver, à leur arrivée dans l'au-delà, avec des parents octogénaires, plus forcements aptes à s'en occuper, ni même à combler les 50 ans d'attente où le gamin était seul, sans famille chez St Pierre (si on suppose cette fois que le temps s'écoule aussi au paradis).

Voilà pourquoi, même si j'y croyais (ce qui n'est pas le cas à cause de mon côte profondément rationaliste), je ne suis pas sûr que le paradis, que ce soit celui des chrétiens ou même celui des nains (tagazok !!), soit la meilleure des solutions de vie après la mort. Et puis, il faudrait un endroit diantrement grand. C'est qu'on commence à être vraiment nombreux, et avec tous les ancêtres, ça fait beaucoup de monde. Le vikings pensaient que tous les guerriers morts héroïquement partaient pour le Valhalla, pour participer au festin des dieux, à la table d'Odin. Et bien il faut croire qu'il en a une énorme, Odin (de table, que tous ceux qui ont pensé à autre chose se dénoncent), pour accueillir autant de monde ! C'est pas très pratique pour la logistique non plus: "hého, faites passer le sel, y a un mec qui en veut, à 6 874 mètres, au bout de la table". Non, vraiment, c'est pas au point comme idée. J'espère que le barbu, là-haut, nous a concocté un meilleur truc, un petite surprise qui ferait plaisir à tout le monde, ah mais j'oubliais, je crois pas en lui non plus (enfin, si tu existes quand même, tu me tiendras pas rigueur de tout ça puisqu'il paraît que t'es sympa et tout et tout).

Finalement, libre à vous de continuer à croire en l'existence d'un paradis utopique mais vous aurez sur la conscience tous les problèmes que je viens de mentionner. Et puis, si vous y êtes ferment attachés, c'est vous qui serez les premiers de corvée de chiottes (eh oui, c'est ça d'y croire, on se dévoue).

Bon, pour finir, je tiens à remercier les gens qui ont lu tout cet article; parce que si moi je m'amuse à écrire des absurdités c'est pas forcément aussi drôle à lire. Je m'excuserais bien aussi pour ceux dont j'ai heurté la sensibilité religieuse (mais en fait non, vous deviez bien vous douter que ça pouvait dégénérer et pourtant vous avez tout lu alors bon...). A bientôt pour d'autres notes à la portée philosophique tout aussi affligeante^^.

4 commentaires:

  1. J'aime!

    En plus tu cite Elric! Ca ne peut qu'être good. Pour les théories de vie après la mort, je pense qu'il y a des façon d'optimiser un peu tout cela, je mettrai quelques idées sur le forum si j'ai le courage...

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  2. Il est très bien cet article !!!!!!
    ça me fait penser à un livre que j'avais lu quand je devais avoir environ 15 ans, ne me demandez pas de me souvenir du titre, mais il était question d'une sorte de paradis sur terre : un virus qui rendrait immortel, seulement y'avait pas mal d'avantages : les enfants grandissaient et arrêtaient de vieillir à un certain âge (y'avait une métaphore avec les fruits : on murit, et en gros ils murissaient, mais ne pourrissaient jamais !), et l'histoire du bouquin tournait autour de deux persos, un homme touché par ce virus, et qui disparaissait (org° gouvernementale, genre faut pas que ça se sache, etc.), et sa femme qui passait des années et des années à le chercher, lui espérait qu'elle le rejoindrait un jour, mais quand c'est enfin le cas, bam, de 30 ans elle est passée à une bonne 50aine, alors que lui ressemble tjrs à un beau surfeur californien, déprimant pour elle (surtout que du coup il drague les petites jeunes!!). Enfin, faudrait que je retrouve le titre du bouquin à l'occasion.
    Sinon sur le paradis idéal, le but du paradis est d'être paradisiaque, non ? Or il n'est pas paradisiaque s'il contient tous les petits désagréments de la vie... Donc le paradis, le VRAI (sic), il s'adapte aux envies et besoins de chacun : Untel veut pas voir Untelle au paradis, mais cette dernière rêve de passer l'éternité avec lui (ou avec l'image idéalisée qu'elle en a) ? Et bien soit, ils passent leur vie ensemble et pas ensemble : en somme, une sorte de monde virtuel/mondes parallèles adapté à chacune des envies, sans que ce dernières n'empiètent sur celles des autres... "La liberté s'arrête là où commence celle des autres", sauf que là elle ne s'arrête pas car elle ne rencontre pas celle des autres. Ah, et bien sûr, au paradis, pas de pbs matériels : pas de pipi/caca, pas besoin d'attendre que la tomate soit mûre pour la manger (sauf si justement on a envie de la regarder mûrir), et pleins de hiéroglyphes sous toutes les formes à traduire si on le veut XD (Ok, là je parle pour moi :p).

    Enfin bref je pourrais m'étaler encore et encore sur ma vision du paradis idéal, mais je crois qu'on aura compris ce que je veux dire avec ces quelques lignes :p

    Bravo pour cet article fort intéressant !!!!

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  3. merci de cette longue critique ;)

    le mec resté jeune avec sa femme qui a vieilli se retrouve souvent dans les comics aussi (CF Watchmen avec Dr Manhattan ou Marvel avec Captain America)

    Sinon, le "paradis Paradisiaque", quel boulot à organiser, je plains le vieux barbu et son pote St Pierre (à moins que ce soit juste la Matrice; bien programmée, elle nous donne tout ce qu'on veut)

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  4. MaJ fin 2018 : depuis le temps que cet article est sorti, allez donc voir Coco (de chez Pixar) parce qu'il offre une vision intéressante de tout ça. Mais comme prévu, dans cette vie après la mort, on y meurt encore, pas encore totalement au point tout ça !

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